Dans le paysage politique de la métropole lyonnaise, une ligne de fracture s’est dessinée autour d’une question cruciale : la ligne ferroviaire Lyon-Turin. Ce projet, symbole d’union européenne et de progrès économique, est devenu un champ de bataille où se confrontent les ambitions économiques et les préoccupations environnementales. Mardi dernier, dans la ville de Saint-Priest, un rassemblement de 42 maires de divers horizons politiques a réaffirmé son soutien au projet, dénonçant ce qu’ils appellent “l’opposition absurde et idéologique” des Verts. En revanche, l’exécutif métropolitain, dominé par les écologistes, maintient son opposition, qualifiant le projet de “d’aberration écologique”. Ce récit explore les tenants et les aboutissants de cette controverse, dévoilant les enjeux, les paradoxes et les attentes des différents acteurs de cette saga politique et écologique.
Le soutien municipal s’intensifie
Le café brûlant et les éclairs de la matinée ne suffisaient pas à masquer le feu qui brûlait dans les yeux des maires présents. Un appel puissant a retenti pour maintenir la ligne Lyon-Turin, un appel non seulement pour l’économie mais aussi pour l’environnement et le rayonnement international de la métropole lyonnaise. La maire de Feyzin, Murielle Laurent, et d’autres élus de gauche étaient présents, formant un front uni avec leurs homologues de droite.
La critique a été forte, qualifiant l’opposition de l’exécutif EELV/LFI métropolitain d'”absurde et idéologique”. “Cette liaison européenne est essentielle et écologique“, ont déclaré les maires en chœur. Les esprits sont forts, l’air est chargé de détermination. “Nous refusons de tourner le dos à l’Italie et réclamons une prise de conscience urgente sur la question des accès français.“
Une opposition écologique au projet
L’opposition à cette ligne ferroviaire ne provient pas d’une source improbable. En effet, ce sont les Verts qui s’opposent farouchement à ce qu’ils considèrent comme une “aberration écologique”.
Le retrait de la Métropole de Lyon
En septembre 2022, la métropole de Lyon a annoncé son retrait du comité pour la Transalpine, une organisation qui fédère les institutions en faveur de la liaison franco-italienne. Bruno Bernard, le président EELV de la métropole de Lyon, a déclaré : “Nous quittons le comité de la Transalpine dont nous ne partageons pas le mode de fonctionnement, indépendamment d’être pour ou contre le projet“.
Grégory Doucet, maire de Lyon, a exprimé à plusieurs reprises son opposition à ce projet ferroviaire, qualifiant ce projet d’ “aberration écologique”.
L’appel des maires à l’État
Les maires ont mis la pression sur l’État pour accélérer le projet de liaison ferroviaire Lyon-Turin. L’urgence a été soulignée par la Transalpine, alors que le gouvernement doit prendre une décision sur le tracé des 150 km de voies d’accès vers le tunnel en cours de construction pour relier Lyon à Saint-Jean-de-Maurienne, puis Turin.
Ils appellent à “l’union sacrée”. Une quarantaine de maires de l’agglomération lyonnaise se sont fédérés pour défendre le projet de liaison ferroviaire entre Lyon et Turin. Ils ont exhorté le gouvernement français “à respecter ses engagements” et ont dénoncé “l’opposition absurde et idéologique de l’exécutif métropolitain“.
La logique du train sans voies
Les maires soulignent le paradoxe de vouloir développer le train sans développer les voies ferrées. Le sénateur Étienne Blanc s’interroge : “Comment être contre ce projet alors que l’on répète à l’envi vouloir développer le train ?” Il ironise sur la complexité de cette équation.
Les 42 maires des 59 communes du Grand Lyon ont donc lancé cet appel “solennel” pour faire bouger les lignes et convaincre d’autres de rallier leur cause. Gilles Gascon, le maire de Saint-Priest, exprime l’urgence de la situation : “C’est une question de vie ou de mort. Sans ce projet, c’est la mort de nos territoires.”
Cette réunion a permis de clarifier les positions de chaque partie, mettant en évidence le conflit entre l’urgence environnementale et le développement économique. Les prochaines semaines promettent d’être décisives alors que le gouvernement doit prendre des décisions cruciales concernant ce projet. Ce qui est sûr, c’est que le débat continue, et la voie à suivre semble encore loin d’être définie.
Au terme de cette exploration, le constat est clair : le projet de ligne ferroviaire Lyon-Turin est loin de faire l’unanimité. Malgré un soutien significatif des maires de la métropole, l’opposition des Verts, basée sur des considérations écologiques, reste tenace. Cette situation expose une tension fondamentale entre les impératifs économiques et les préoccupations environnementales. Quel que soit le chemin choisi, il est évident que des compromis devront être faits. Et si cette confrontation révèle une division actuelle, elle ouvre aussi la voie à des conversations essentielles sur la façon dont nous envisageons l’avenir de nos villes et de notre planète. Ces débats ne sont pas seulement importants pour la région lyonnaise ou pour la France, ils ont une portée universelle, reflétant le dilemme global entre progrès économique et durabilité environnementale. La décision finale sur le projet Lyon-Turin sera révélatrice des priorités et des valeurs que nous choisissons de privilégier dans un monde de plus en plus conscient de son impact environnemental.